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2023 année du centenaire de la mort de Maurice Barrès : (re)découvrez son ouvrage Un Homme libre

2023 année du centenaire de la mort de Maurice Barrès : (re)découvrez son ouvrage Un Homme libre

Nous poursuivons ici notre survol barrésien des dimanches de cette année 2023, avec, pour le mois de mars, l’annonce de la réédition du deuxième tome de la trilogie « Le culte du moi », Un Homme libre.

Le récit de cet ouvrage qui parut au début de l’année 1889 se déroule principalement en Lorraine et à Venise. Il a pour thème majeur la metanoïa, ou retour à soi. Voici la présentation qu’en fit René Jacquet dans Notre maître Maurice Barrès (éd. Libraire Nilsson, 1900) :


« Voilà donc le Moi créé mais cela ne suffit pas pour qu’il existe et soit une sauvegarde maintenant et chaque jour il faudra le créer de nouveau, le perfectionner.

Mais nous avons des périodes d’abattement, de stérilité morale, de sécheresse ; pour avoir pleine conscience de notre Moi, il nous faudrait disposer de moyens d’enthousiasme et de clairvoyance…

Qu’à cela ne tienne ; voici le formulaire : Un homme libre.

C’est, à parler juste, le recueil des exercices que Philippe (Barrès a décidé de s’appeler Philippe) imagina pour se mettre en présence de soi-même, à l’instar d’Ignace de Loyola qui réunit en un volume intitulé Exercices spirituels, une ‟série de mécaniques destinées à mettre les fidèles en présence de Dieu lui-même.”

Il est dès lors facile de comprendre l’arrangement du livre.

Première Partie. — En état de grâce. — La religion catholique nous enseigne que l’état de grâce, situation particulière d’une âme possédant la foi et l’innocence, est indispensable au fidèle pour que lui profitent ses bonnes œuvres.

Philippe, commençant sous l’égide dû Moi qui vient de se révéler à lui une vie nouvelle, ayant du reste abdiqué toutes vérités qui ne sortent pas de son fonds propre, se trouve dans une disposition éminemment favorable au développement de sa sensibilité. Il est en état de grâce.

IIe Partie. — L’Église militante. — Ici commence la série des mécaniques morales : examens, de conscience, méditations etc. qui sont le sujet du volume.

Mais, nous l’avons dit, pour bien connaître son âme, il faut se rendre compte qu’elle n’est qu’un instant dans l’existence d’une race et que, de celle-ci, elle résume les tendances. Philippe est Lorrain; pour obtenir la formule de ses propres instincts, il analysera l’histoire de la Lorraine [1].

IIIe Partie. — L’Église triomphante. — Les luttes sont terminées. Philippe se connaît. Il est en pleine possession de soi-même. Mais savoir ce qu’est notre Moi ne nous suffit pas : chacun de nous doit accroître, perfectionner son Moi dans le sens de sa destinée propre, selon sa vérité individuelle, pour approcher de son idéal. C’est à Venise et par l’enseignement des chefs-d’œuvre du Vinci que Philippe parvient à cette seconde période de sa culture. Il se reconnaît tout saturé d’éléments étrangers philosophies disparates, tendances qui se heurtent, influences qui se contrarient. Loin de se désoler d’une telle invasion, il s’en félicite car il possède une clairvoyance qui lui permettra de coordonner, de synthétiser ces choses diverses et contradictoires : ces alluvions loin d’ensevelir, de bloquer son âme vont la vivifier, la fertiliser. Grâce à la conscience qu’il possède de lui-même, ce chaos va devenir une harmonie, son Moi sera infiniment riche et puissant de tous ces apports hétérogènes.

Et voilà en quoi devra consister sa vie : ouvrir son âme toute grande pour y recueillir ‟les forces inépuisables de l’humanité, de la vie universelle.”

Il me souvient que Paul Bourget, dans la préface de son beau roman Le Disciple, parlant de Un homme libre, le qualifie de ‟chef d’œuvre d’ironie”. Je demande pardon à un maître que j’aime beaucoup de le contredire ; mais son appréciation me paraît inexacte. Un homme libre comme je le comprends est un livre passionné, grave, douloureux, —  ironique seulement dans la mesure où on le dit des œuvres de Henri Heine, où domine un accent strident de vérité.

Quant au mot ‟chef-d’œuvre” nous sommes d’accord pour le maintenir. »  

[1]Quand on aura décidé de ne plus s’attarder à de vaines considérations politiques, ces admirables pages d’études lorraines deviendront classiques.


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